Dpendance : mme pas peur !
L'Institut de recherche et documentation en économie de la santé (Irdes) publie, dans le dernier numéro de sa lettre "Questions d'économie de la santé", une étude originale intitulée "Comment expliquer la faible disposition des individus à se couvrir face au risque dépendance ?". Il s'agit en l'occurrence d'une revue de littérature qui analyse et compile plusieurs études parues sur le sujet.
La démarche part d'un constat : la montée de la dépendance suscite une inquiétude dans la population, prise en compte par les pouvoirs publics à travers la mise en place de politiques publiques dédiées (l'allocation personnalisée d'autonomie, la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie, les plans Alzheimer…). Le nombre de bénéficiaires de l'APA est aujourd'hui de près de 1,2 million de personnes. Il devrait progresser de 35% à l'horizon 2030 et de 100% d'ici à 2060. Pourtant, la montée en charge de la dépendance dans les craintes collectives comme dans le discours public ne se traduisent pas par une progression significative du recours à des systèmes assurantiels de protection individuelle. En 2010, le marché français de l'assurance dépendance comptait ainsi 5,5 millions de personnes couvertes, dont 3,6 millions par les mutuelles. Les cotisations totales collectées étaient de 525 millions d'euros et les prestations totales délivrées de 168 millions d'euros.
L'Irdes identifie plusieurs freins possibles à un véritable développement de l'assurance dépendance. Le premier réside dans le manque d'attractivité de la couverture proposée. Même si l'offre évolue (voir notre article ci-contre du 24 mai 2013), celle-ci offre encore trop souvent une couverture incomplète sous forme d'indemnité forfaitaire. Or, contrairement à une assurance sous forme de remboursement, rien ne garantit qu'une assurance forfaitaire couvrira la réalité des dépenses à engager. L'attractivité n'est guère meilleure pour les produits proposant des couvertures viagères courant jusqu'au décès de l'assuré.
Un autre frein identifié par la revue de littérature de l'Irdes réside dans le coût de ces assurances. Certes, le montant nominal des primes est le plus souvent faible, mais, de ce fait, le taux de chargement (part des frais de gestion) est relativement élevé. Et surtout, le rendement est faible.
Il existe également d'autres freins du côté des préférences individuelles. Ainsi, la faible propension des individus à se couvrir contre la dépendance pourrait s'expliquer par le concept micro-économique de rationalité limitée : les individus prennent leur décision dans un contexte de méconnaissance des couvertures disponibles et du risque dépendance auquel ils sont exposés. Autre explication possible : sans remettre en cause la rationalité des individus, les spécificités du risque dépendance freinent l'adoption de comportements spontanés de couverture.
Ces deux explications renvoient à la question centrale de l'information. Le manque d'information pourrait en effet expliquer la faible demande. Comme indiqué, ce manque d'information porte à la fois sur le risque et sur les moyens de se couvrir. Les études montrent ainsi que certains individus ont tendance à surestimer la prise en charge publique ou à considérer qu'ils sont couverts par leur complémentaire santé ou leur assurance prévoyance.
D'autres préférences individuelles se révèlent également peu favorables à l'adoption d'un couverture spontanée. C'est notamment le cas de la préférence pour le présent (qui amoindrit l'effet d'aversion au risque) ou de l'"altruisme familial", autrement dit la confiance mise par les individus dans l'aide de leurs proches (les aidants familiaux). Tous ces éléments conduisent l'Irdes à s'interroger - sans toutefois apporter de réponse - sur l'intérêt d'instaurer une assurance obligatoire.
Jean-Noël Escudié / PCA
La démence sénile en net recul
Et si les experts s'étaient trompés ? Alors que toutes les études tablent sur une augmentation rapide, sinon une explosion, du nombre de personnes de plus de 65 ans victimes de "démence sénile" - un terme sans grande signification scientifique, mais qui recouvre notamment la maladie d'Alzheimer -, une étude épidémiologique anglaise, publiée dans la revue médicale "The Lancet", montre le contraire. Celle-ci - effectué sur deux cohortes de 7.000 personnes - fait en effet apparaître que le taux de prévalence de la démence sénile chez les plus de 65 ans britanniques a reculé de 25% au cours des vingt dernières années, passant de 8,3% il y a vingt ans à 6,2% aujourd'hui. Sans qu'une causalité précise soit encore établie, plusieurs éléments pourraient expliquer cette évolution inattendue : lutte contre l'hypertension et le diabète, réduction du taux de cholestérol, recul du tabagisme, réduction du nombre de mini accidents vasculaires cérébraux... mais aussi montée du niveau d'éducation (les populations âgées de 65 ans et plus en 2011 ont globalement un niveau intellectuel plus élevé que des populations comparables 20 ans plus tôt) et maintien d'une activité prolongée.
Par ailleurs, une seconde étude - d'origine danoise et également publiée par "The Lancet" - montre que la capacité intellectuelle de personnes âgées de 90 ans s’est améliorée en une décennie.
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